Je me demande souvent
- comment il se fait que le nucléaire a envahi notre petite planète
- comment il se fait que les techniciens du nucléaire semblent ne se poser aucune question après leurs graves échecs à Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima
- comment il se fait que sur toute la planète les politiques sont si désireux d’avoir du nucléaire, civil ou militaire, quel que soit le prix à payer par les citoyens dont ils sont responsables, et leurs descendants.
Le livre de Jean-Jacques DELFOUR :
LA CONDITION NUCLÉAIRE
Réflexions sur la situation atomique de l’humanité
traite précisément de ces questions. Il procède à une analyse de nos sociétés devenues nucléaires sur notre Terre devenue radioactive.
Que signifie contraindre des générations à vivre au milieu des radionucléides et à gérer pendant des millénaires des millions de tonnes de déchets hautement radioactifs ?
C’est le livre d’un philosophe écrit dans un langage facilement accessible.
Quelques extraits:
«Ose être conscient de ce que tu es devenu, c’est à dire un être dont la valeur est très inférieure à celle des êtres atomiques radioactifs qui sont générés par milliards de milliards dans les machines nucléaires».
Petit détail: j’appellerai «êtres radioactifs» toutes les particules, atomes, isotopes, radioéléments générés par les machines atomiques (réacteurs, bombes, usines de retraitement, etc.); ce sont des choses qui existent, d’où le mot «êtres», et ils sont radioactifs, c’est à dire émettent des rayonnements qui traversent presque toutes les autres matières, et en particulier les êtres vivants dans lesquels ils sèment destructions, maladies graves et cancers.
… J’ai été longtemps admiratif devant les prouesses nucléaires et je n’imaginais pas tout ce qu’allait me révéler, à ma complète stupéfaction, une enquête que chacun pourrait faire s’il en avait le temps, la patience et le courage, à travers les articles de presse et les livres consacrés au sujet: l’impéritie, l’imprévision, l’impréparation, la sous-estimation constante des risques ainsi que l’extrême dangerosité…
La catastrophe de Fukushima a révélé une troisième fois, après Three Mile Island et Tchernobyl, objectivement, indiscutablement le néant des techniques d’intervention en situation nucléaire extrème.
…
Voici donc l’équation fondamentale de la condition nucléaire. Ce noyau associe la jouissance technologique de l’ingéniérie nucléaire (qui pulvérise la résistance des noyaux d’uranium)…la jouissance politique de la domination et de l’obéissance absolue…et enfin la jouissance capitaliste..
Le seconde partie de son livre traite du «totem atomique, tabou nucléaire».
« Pro et anti croient disposer d’une maîtrise technique du nucléaire. Or cette maîtrise technique réelle, que les uns croient pouvoir utiliser pour décider de continuer, les autres pour décider d’arrêter, est très limitée. D’un côté les accidents majeurs sont insolubles; de l’autre, le démantèlement d’une centrale nucléaire est une opération interminable: matières mortelles inexorables, sites contaminés, financement sous-évalué. Nulle part, un démantèlement total n’a été réalisé parce que revenir à l’état écologique antérieur est impossible…»
L’auteur conclut par un chapitre «Militer pour la vie», pour nos enfants.»
« Bref, il est irrationnel de continuer une activité extrèmement dangereuse et dont on ne maîtrise pas les risques. Il est irréaliste de croire que la contamination mondiale (esais nucléaires, rejets chroniques et catastrophes) soit sans effet notables. Il est aussi infondé de croire que tout est perdu que de s’imaginer que tout ira bien.»…
«Puisse le lecteur, parvenu à ces dernières pages, entendre la voix, qui au travers des discours et des arguments, se fraye un chemin vers la lumière commune: la voix des victimes irradiées et contaminées,la voix de toutes celles et de tous ceux qui ne peuvent fuir les zones les plus contaminées par les catastrophes nucléaires, la voix des enfants dont la vie est brisée par la peste nucléaire que les profiteurs, capitalistes et politiques, s’évertuent à minimiser, voire à nier, la voix de tous les malades et de tous les morts futurs à cause du nucléaire, notre voix à tous.»
(15€ en librairie – Éditions L’Échappée)
Qui est Jean Jacques DELFOUR ?
Né à Aurillac dans un milieu populaire, Jean-Jacques Delfour intègre l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1985. Il enseigne dans le secondaire et, ponctuellement, à l’université de Toulouse-Le Mirail puis en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Saint-Sernin et au lycée Ozenne, à Toulouse. Depuis quatre ans, il tient un cours de culture générale à l’université de Toulouse I, dite Capitole.
Jean-Jacques Delfour coanime avec Daniel Borderies l’émission de culture scientifique Quai des Savoirs et collabore au festival de la Novela, Fête de la connaissance, à Toulouse, depuis cinq ans.
Tiré de sa présentation dans Fête connaissance, le portail des savoirs toulousains
Sa présentation dans Wikipedia
«Jean-Jacques Delfour est un essayiste, philosophe, professeur et critique français. Il est l’auteur de plusieurs études traitant de l’histoire de la philosophie, mais aborde également ses aspects techniques, moraux et politiques. Ses travaux comportent également diverses études d’esthétique (cinéma, théâtre, arts de l’image, théâtre de rue, dessin de presse, danse). Il a contribué à un grand nombre de conférences sur des sujets divers. Le fil directeur de ces travaux porte essentiellement sur la jouissance et les effets de pouvoir qu’elle induit, en particulier dans les formes techniques.»
Le blog de JJ Delfour
Lire en particulier son article du 16 mars 2014:
Fukushima en France : inaction programmée et rhétorique de la résilience
le 23 Avril 2014